LE CORSO AUX PLATANES
Emplis de beuglements, de cris et de poussières,
Inondés de musique et d’électricité,
Les Platanes, dressant une arche de lumière,
Sont une cathédrale immense de clarté.
Bébés et Dominos, toute la houle blanche
Court, danse, s’exténue et saute. C’est le bal.
Le public aux piquets s’écrase. C’est dimanche.
Et les propos méchants glissent. C’est Carnaval.
Dans la petite allée où Pierrette s’égare,
Les couples amoureux pour mieux se reposer,
Derrière les tréteaux où sévit la fanfare,
Organisent entre eux des concerts de baisers.
La Gaîté s’éparpille en un rire qui fuse,
Le vieil esprit gaulois passe dans un éclair.
- Et pour faire danser le peuple qui s’amuse,
Les grands Platanes nus sont un Palais d’hiver.
Albert BAUSIL
In : Heures perpignanaises (Perpignan, Éd. Revue catalane, 1920) |