La Promenade des Platanes, scène de la vie politique publique
Lorsque survient la création de la Promenade en 1809, la ville étouffe déjà dans ses remparts, et c’est bien hors des fortifications que les Perpignanais peuvent se retrouver en grand nombre : les promenades, de la Pépinière (ou cours Jallais) et des Platanes, deviennent les lieux privilégiés où se tiennent les réjouissances. C’est essentiellement sur la Promenade des Platanes que se tiendront aussi les commémorations et plus en avant, les revendications.
Durant les deux premiers tiers du XIXe s., les autorités militaires, soucieuses de la défense de la cité, et le « statut de place forte de Perpignan » circonscriront l’utilisation de la Promenade à une véritable vocation militaire. Il faut savoir que la servitude relative à la fermeture des portes de la cité ne cessa qu’en janvier 1862, à la veille du premier Concours Régional Agricole.
C’est ensuite la multiplication des manifestations à caractère patriotique, ciment de l’unité nationale, et l’érection successive de Monuments aux Morts en hommage au sacrifice des soldats qui confèreront à la Promenade des Platanes son usage d'arène de la vie politique publique. En 1919, l’hommage rendu au Maréchal Joffre se situera dans la même veine patriotique, et ce avec le soutien de tous les intellectuels catalans venus assister en grand nombre à la « Cérémonie des Platanes »(1).
En 1907, lors de la « révolte des gueux », la protestation viticole rassemblera sur la Promenade des Platanes 180 000 manifestants venus entendre des orateurs qui soutiendront tour à tour les revendications des vignerons. Depuis lors, aucune autre manifestation n’a rassemblé autant de personnes.
Quelques jours à peine après la Libération, en août 1944, c’est sur le boulevard Wilson que défilèrent les héros de la Résistance tandis que, depuis la tribune installée au milieu de cette artère - probablement la plus large de la cité - les autorités civiles et militaires célébrèrent le courage des combattants du conflit le plus sanglant de l’histoire que reste la Seconde Guerre mondiale.
C’est à nouveau sur la Promenade qu’en 1946, plusieurs milliers de personnes purent assister à un rassemblement communiste au cours duquel les orateurs, évoquant le rôle des communistes dans la Résistance, appelèrent à la mobilisation nécessaire pour organiser la paix et la reconstruction.
(1) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 13 octobre 1919.
