Un jardin d'hiver ou "jardin à l'anglaise" au Square, fin XIXe s.

Dès 1868, la Promenade des Platanes est désignée comme le lieu où se tiendront désormais les expositions publiques et ce sont ces dernières qui influeront sur l’évolution paysagère de la Promenade, plus particulièrement dans sa partie terminale, face à la porte Saint-Dominique.

Aussi, le grand emplacement dans le bosquet, au pied des remparts, qui reçut l’exposition maraîchère de 1890 fit l’objet, en octobre de la même année,  d’un vote de fonds et d‘une mission confiée à Aldolphe Raveau, architecte-paysagiste (1). Ce dernier devait achever l’aménagement de cette partie de terrain en la mettant à l’abri des eaux, en la nivelant et en établissant des allées et des plates-bandes gazonnées. Élie Delcros (2) obtint la permission du Ministère de la Guerre d’y organiser un square en février 1892, mais c’est Eugène Bardou (3) qui reçut en 1895 l’autorisation d’affermer le terrain militaire pour l’extension d’un square et l’établissement d’un jardin d’hiver. Ce jardin devait évoluer et s’enrichir de nouvelles allées par le recrutement d’un directeur des jardins et promenades de la ville A. Raveau.

À l’issue du banquet offert par le Comité des Fêtes du Carnaval, le 1er mars 1897, les autorités civiles et militaires inaugurèrent « la Promenade d‘hiver, qui longeant le fossé des fortifications, va du fond du square à la porte Saint-Dominique (4) ». Une foule considérable se pressait dans l’enceinte du Square et particulièrement dans les allées parfaitement abritées tandis que « la fête se continuait par un charmant concert donné par les musiques militaires... et on ne tarissait pas d'éloges sur l’aménagement de cette nouvelle promenade. Nous croirions manquer à notre devoir si nous ne félicitions chaleureusement M. Jacques Charrasse [sic], l’homme d’initiative au dévouement infatigable, à qui est due la création de ce jardin d’hiver (5)». Il s’agissait non pas de M. Charrasse mais de Joseph Ferréol Carbasse, architecte de la ville. Ce dernier obtint, en avril 1887, les fonds nécessaires pour mener à bien le projet qui sera bien plus que l’embryon du Square, après avoir exposé que « la Municipalité a compris qu’il était temps de donner satisfaction à la population, en remplaçant les gazons rachitiques qui s’accrochent avec difficulté aux flancs des fortifications, par de vertes pelouses parsemées de bordures et de corbeilles aux fleurs multicolores. Ce square sera en même temps un embellissement pour la promenade et le complément obligé du projet de distribution d’eau (6)»

(1) 1D1/25 Archives municipales, ville de Perpignan.
(2) Maire du 16 février 1890  au 15 mai 1892.
(3) Maire du 28 avril 1894 au 17 mai 1896.
(4) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 26 février 1897.
(5) In : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 2 mars 1897.
(6) 1D1/24 DM du 22 avril 1887. Archives municipales, ville de Perpignan.